Sa Majesté les Maximes

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« Il y a peu de prisonniers plus étroitement gardés que les princes. »

La reine Christine sait de quoi elle parle lorsqu’elle rédige cette maxime, elle qui a su se libérer du joug du pouvoir, en abdiquant du trône de Suède en 1654. Violemment éprise de liberté, cette monarque, élève de Descartes, s’enfuit de son pays pour mener une vie itinérante dans toutes les plus grandes cours d’Europe.

Entre machiavélisme politique et grande piété, ce personnage historique, au destin romanesque, écrit des maximes qui font preuve d’une remarquable lucidité face aux vertus et aux vices des Grands de son époque.

Au fil de ses aphorismes, le lecteur découvre une femme passionnée, fortement opposée au mariage et contemptrice des bassesses humaines. Admiratrice de La Rochefoucauld, la reine Christine, en esprit libre, ne se gêne pas pour livrer ses impressions sur les sentences de l’écrivain.

A la maxime « La constance des sages n’est que l’art de renfermer leur agitation dans leur cœur », elle commente : « Cela est faux, et c’est la coutume des hypocrites, et non pas des sages».

À la lecture de toutes ses phrases, on retient l’image d’une femme forte, consciente de sa valeur, capable de donner des conseils politiques avisés et rusés dont bon nombre d’hommes d’État pourrait s’inspirer.

Quelques unes de ces saillies étonnent tant elles sont révolutionnaires : « On s’oppose en vain aux changements des États et des républiques : il y a un point fatal qui les entraîne. » tandis que d’autres amusent : « Il y a un certain silence qui paraît mystérieux, et qui n’est que faiblesse ».

La personnalité de la reine Christine est complexe, foisonnante et insaisissable : lire ses maximes permet de s’en approcher au plus près.

Maximes, Christine de Suède, Rivage poche, 128 p., 7,65 euros

  • 27 octobre 2014