Botulèmes : Botul aime !

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« Le meilleur de ma pensée est dans les lignes que je n’ai jamais écrites. »

Mais qui est donc ce Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale, ayant côtoyé, au cours du 20ème siècle, Sartre, Zweig, Giraudoux ou encore Trotsky ?

Né à Lairière en 1896, nous dit sa biographie, cet inconnu du grand public a été remis au goût du jour par la publication de certaines de ses œuvres comme La vie sexuelle d’Emmanuel Kant ou encore La métaphysique du mou aux éditions Mille et une nuits.

Défenseur de théories philosophiques loufoques, Jean-Baptiste Botul délivre, au fil de ses livres, une pensée absurde aux accents pataphysiciens.

Toutefois, il y a un hic et ce hic est que Jean-Baptiste Botul n’a jamais existé et qu’il grossit par son existence la somme des canulars littéraires qui ont toujours traversé l’histoire de la littérature.

JBB est, en réalité, Frédéric Pagès, journaliste et agrégé de philosophie qui s’est amusé à piéger le milieu littéraire avec son philosophe fictif, philosophie qui, précisons-le, est le père de 100 aphorismes, nommés botulèmes, paternité que, bien entendu, il récuse.

« Les jurés du Goncourt sont tellement myopes que, cette année, ils ont failli couronner un mille feuilles. »

Le ton est donné : les botulèmes alternent entre gauloiserie revendiquée, jeux de mots douteux et proverbes détournés.

« Entre Marie Curie et Marie Brizard, je n’hésite pas. »

« Qui veut pisser loin ménage ses chaussures. »

Cette centaine d’aphorismes devient même souvent une parodie d’aphorismes avec toutes les facilités que peuvent comporter le genre.

« Je ne suis pas certain d’être indécis. »

« Je ne veux pas donner au public l’illusion de m’avoir compris. »

Une farce aphoristique s’installe donc là où l’esprit de sérieux n’a pas sa place et où l’écrit même devient une sorte de canular d’écriture.

La part belle est faite à la philosophie dont la fausse complexité est moquée et les auteurs réduits à quelques notions philosophiques ou stéréotypes comme Parménide ou Platon.

« Bizarre : quand on traduit Bergson en anglais, puis en espagnol, puis en serbo-croate puis à nouveau en français, on obtient du Heidegger. »

Ces botulèmes ne manquent pas de sel et nourrissent encore mieux la légende de ce philosophe canular alimentée, par ailleurs, sur le site : www.botul.fr. Finissons, d’ailleurs, sur ce botulème blasphemo-locatif :

« Dieu soit loué, d’accord mais meublé. »

  • 10 août 2015