La twittérature, c’est quoi ?

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Bonne question que l’on est en droit de se poser sur ce néologisme qui réunit Twitter (réseau social où l’utilisateur peut envoyer des messages limités à 140 caractères) et la littérature. Pour faire simple, la twittérature est fondée sur la construction d’une œuvre littéraire élaborée à base de tweets, ces fameux aphorismes de 140 caractères.

Quelques sceptiques ou puristes pourraient objecter qu’il est impossible de créer une œuvre littéraire via un réseau sur le web. Or, c’est négliger la propension qu’a la littérature à s’emparer des nouveaux outils technologiques pour en explorer les ressources et les limites.

C’est, par exemple, le cas d’Éric Chevillard qui utilise les contraintes du blog et publie 3 aphorismes par jour, livrant, par là même, une sorte de journal intime et extime en constant mouvement. Cet exercice est contraignant mais s’en dégage le portrait d’un homme fantasmé, oscillant entre gravité et légèreté, que je vous invite à découvrir : http://autofictif.blogspot.fr/.

Bien avant l’usage d’Internet à des fins littéraires, le groupe littéraire Oulipo se servait déjà de contraintes formelles afin de développer une littérature créative et innovante. Georges Perec, dans La disparition, écrit un roman entier sans la voyelle « e ».

Autre type de contrainte : écrire des nouvelles en trois lignes. C’est le défi qu’a relevé Félix Fénéon dans le journal Le Matin de mai à novembre 1906. De tous temps, la littérature s’est réinventée au gré des contraintes techniques ou formelles qu’elle rencontrait.

Dans le cas de Twitter, plusieurs utilisations de l’aphorisme sont possibles. Certains se servent de la contrainte des 140 caractères pour délivrer des nanotextes poétiques quand d’autres privilégient la construction d’un roman comme le twiller, thriller écrit en tweets.

Un professeur et universitaire américain Eric Jasosinski, lassé de l’écriture académique, s’est lancé sur la plate-forme de microblogging, sous l’avatar @NeinQuarterly et compte à ce jour plus de 110 000 abonnés. Il compose des tweets en allemand et en anglais aux tonalités variées et utilise pleinement les ressources de Twitter dans une véritable volonté littéraire.

Un Institut de twittérature comparée a également été créé qui organise des concours de twittérature et explicite les enjeux de cette nouvelle forme littéraire dans son manifeste .

Si la littérature se modifie au contact d’Internet, la twittérature sera peut-être l’avenir numérique de l’aphorisme. #suiveznoussur@aphorismundi

  • 29 juin 2015