L’aphorisme : retour aux sources !

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« Chassez le naturel, il revient au galop. »

Mais qui est donc l’auteur de cette phrase devenue aujourd’hui proverbiale ? Dans quelle œuvre peut-on la retrouver ? La réponse, Dominique Noguez nous l’apporte, dans son livre La véritable origine des plus beaux aphorismes : il s’agit de Destouches, dans sa pièce Le Glorieux à la scène 5 du 3ème acte, qui, pour forger sa réplique, s’inspire d’un vers d’Horace. Il nous indique également que cet écrivain est le père de deux autres adages :

« La critique est aisée et l’art difficile. »

« Les absents ont toujours tort. »

Tel est le livre du philosophe Dominique Noguez : foisonnant, riche, et érudit. Grand défenseur du trait d’esprit, l’auteur du désopilant Comment complètement rater sa vie en onze leçons, met à contribution son esprit encyclopédique pour sonder les origines d’aphorismes dont l’attribution à tel ou tel écrivain reste parfois incertaine.

« L’humour : la politesse du désespoir. »

« La culture […], c’est ce qui demeure dans l’homme, lorsqu’il a tout oublié. »

De répliques cultes de cinéma en aphorismes classiques, en passant par le théâtre, Dominique Noguez possède ce don très rare d’instruire avec légèreté et profondeur, tout à la fois. On rit, on est étonné, on apprend : La véritable origine des plus beaux aphorismes est un livre à mettre en toutes les mains tant son contenu est passionnant et accessible.

Parmi tous les aphorismes cités par Noguez, quelques uns ont particulièrement séduit mon oreille :

« L’art d’aimer ? C’est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d’une anémone. » Cioran

« La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert. » Stendhal

Un index des citations et des noms propres, à la fin du livre, laisse l’opportunité au lecteur de construire sa lecture comme il l’entend, en fonction des aphorismes qui l’interpellent le plus. A l’instar d’Ernst Gombrich et de son Histoire de l’art, Dominique Noguez, par sa simplicité et sa générosité, nous donne accès à l’histoire parfois complexe de certaines citations et nous ne pouvons que l’en remercier.

Ce livre enseigne, sans en avoir l’air, les vertus de la curiosité intellectuelle et nous incite à poursuivre notre cheminement dans la pensée, ainsi que nous y invite ce paradoxe de Gide :

« Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant. »

La véritable origine des plus beaux aphorismes, Dominique Noguez, Manuels Payot, 15 euros

  • 19 octobre 2015
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